« Ouais ou sinon Arielle… je lui ai dit en prenant un gros air bien assuré… t’as qu’à penser qu’on est les enfants perdus d’une blague qu’a mal tourné. Comme il dit Shakespeare, la vie c’est le bruit, la fureur et l’idiot qui raconte tout ça. Moi je crois bien que l’idiot il racontait une blague toute pleine de bruits de pets et de fureur du cul, mais que ce con-là, il a oublié qu’il était en train de la raconter et que nos vies, c’est tout le petit drame qu’est là, c’est d’être au milieu d’une blague racontée par un type qui se la rappelle pas ! »
« À les regarder tous s’agiter dans des étincelles de poussière, je savais plus trop dire parfois qui c’étaient les héros du jeu, ceux avec la crinière ou ceux avec la cravache. Ou si c’était plutôt l’espèce de centaure mi-homme mi-bête qui émanait de toute cette sorcellerie. »
« Le Professeur, il levait tout le temps son poing tout difforme comme si il avait eu une chance de la choper en l’air la liberté, comme un genre de coccinelle qui serait passée justement par-là, entre ses drôles de doigts. Je sais pas si ça ressemble pour de vrai à une coccinelle la liberté, mais pour sûr, il l’avait encore jamais chopée. Et puis forcément, c’était pas gagné d’avance avec ses bouts de doigts rabougris qui se disaient merde. »
« J’ai avancé, avancé, avancé, jusqu’à un peu plus loin, là où y’avait un panneau qui disait Welcome in Pakistan ou un machin du genre. Moi là, je pensais plus aux géants, je pensais plus à Pala, je pensais plus du tout aux trésors et aux sirènes, je pensais plus à que dalle. Et probablement que j’ai allumé une clope, comme ça, pour faire un truc. Pour oublier l’odeur. Pour oublier le sang. Pour oublier que y’a des trucs qu’on oublie pas. »
« Arthur… qu’elle me répond, vu qu’en plus, elle savait limite mieux que moi comment je m’appelais. Arthur, tu devrais le savoir que ça existe pas, ça, les vérités. La vérité, tu sais, c’est rien qu’un mensonge qu’a plus de talent que les autres. »